29.11.20

LE VIDE

Cette chose qu'on peut vivre n'importe quand, n'importe où, mais qui se manifeste souvent quand ça va pas.

Quand la vie te semble rough, quand tu sais pas trop c'que t'as fait de pas correct pour te rendre là, ni trop si et comment tu vas finir par te rendre quelque part. Quand tu sais pas trop qui t'es, quand la perspective d'être toi-même t'enchante pas tant que ça. Quand les jours semblent souvent très longs et que le prochain lever de Soleil t'indique rien de particulier. Quand tu regardes en-dedans et que presque tout ce que tu y trouves fait mal. Quand tu te questionnes constamment, tout le temps, mais sans jamais avoir de réponses. Quand tu te trouves lourd toi-même, quand t'as juste le goût de rester dans un coin de ton lit jusqu'à ce que ça passe. Quand tu mets ta poker face de gars qui va pas si pire, parce qu'étant une personne positive à la base, tu veux que ça feel pas si pire. Quand t'essaies de feeler de quoi en dedans, mais que ta tête et ton corps ont eu une rencontre secrète pour se mettre d'accord que ça arriveras pas. Quand t'as un vertige désagréable dans le cerveau quand tu veux essayer de te faire une idée sur quoi que ce soit. Quand y'a un trop plein de vide qui te donne juste le goût de tout laisser de côté, parce que tu sais pas quoi faire d'autre.

Pis des fois, ça marche bien pour un bout. Pis tu réussis à être ok, à te convaincre que c'est pas la fin du monde. Pis ça va mieux, réellement, pis ça fait du bien un moment.

Pis des fois, tu réalises à nouveau que t'as toujours été de même, pis que ça changera probablement jamais de façon permanente, pis que tu vas devoir apprendre à dealer avec toi-même et comment que t'es, parce que tu vas toujours finir par vivre des vides existentiels à intervals réguliers, et que des fois certains vont être plus fort que d'autres. Pis pour te consoler, tu te dis que tout le monde doit être comme ça.

Pis des fois, tu réalises que tu feel peut-être juste trop fort jusqu'à temps que tu feel pu rien.


10.1.20

LE GARS QUI BUVAIT DU CAFÉ DANS LES POUBELLES


Souvent si t'habites pas sur un rang en plein milieu de nulle part, ça risque de t'arriver de croiser des gens dans la rue, à moins que tu passes également tout ton temps dans ton véhicule motorisé. Là, tes contacts ont plus de chances de se limiter à une belle envoyade de promenure à d'autres conducteurs parce que tout le monde conduit mal sauf toi. C't'un fait. Le trafic, c'est les autres, jamais toi. T'es juste pogné dedans.

Donc si ça t'arrive d'utiliser tes pieds comme moyen de transport de temps en temps, du monde, tu vas en voir. Surtout si t'es dans une ville où le monde se promène aussi à pieds.  Sinon, tout ce que tu vas croiser, c'est ton ombre triste sur le bord du trottoir qui te demandes pourquoi tu perds ton temps à longer un boulevard qui part nulle part et qui termine dans une impasse. Comme ta vie.

Pis si tu marches dans un coin qu'on pourrait qualifier de plus populaire, pour être gentil, tu vas aussi croiser du monde qui ont moins d'argent que toi. Possiblement beaucoup moins, sauf si ton salaire toi aussi c'est la poignée de change de ton sac de canettes au Super C que t'as ramassé pendant sept heures le dimanche soir dans les sacs sur le bord de la rue parce que le recyclage passe le lundi matin. Souvent même ce monde-là va te demander de l'argent, ce à quoi tu vas répondre par une totale indifférence si t'as pas d'âme, ou un gros minimum Désolé accompagné d'un léger haussement d'épaules si t'as pas de change ou si tu feels un peu cheap. En même temps, tu peux pas donner à tout le monde, t'es pas Rockefeller.

Pis des fois ça va bien aller, tu vas passer une belle journée, tu vas te dire que ça va bien, pis que la vie est belle, pis que c'est ça qui est ça.

Pis là bang tu vois un gars fouiller dans les poubelles, comme t'en vois souvent pour ramasser, entre autres, lesdites canettes. Sauf pas lui. Lui, y ramasse un vieux verre de café. T'as même pas le temps de te demander pourquoi que tu le vois boire ce qu'il reste de breuvage ou de whatever dedans, et remettre le verre dans les poubelles après avoir consommé un estimé de trois gouttes de liquide.

Pis là vu que t'as quand même des émotions même si le reste du temps t'as le spectre émotif d'un robot, t'as comme un élan de pitié qui te passe dans face, même si t'as déjà dépassé le monsieur. Tu pourrais même pas le reconnaître dans un groupe de trois personnes tellement ça été vite, mais la scène frappe.

Parce que toi, même si t'es pas millionnaire, un café, tu y penses même pas quand t'en veux un. Tu vas voir monsieur ou madame Café pis tu t'achètes un café. That's it. T'as même jamais considéré de proche l'idée dans ta vie de chercher un fond de café dans une poubelle. Le concept même t'étais pas possible jusque-là. Au nombre de fois où t'as jeté ton fond de café parce qu'il était rendu moyennement tiède, d'en ramasser un qui traîne là depuis on sait pas combien de temps, pour boire un mélange de lait caillé et de vieux café, ça t’as jamais interpellé. C'est pas dans ta réalité. C'est autant possible pour toi que de penser à l'idée de te faire une chemise propre avec un vieux boutte de toile qui traine dans une ruelle.

Pis là tu te sens mal même si t'as rien fait, parce que tu réalises que t'es privilégié même si des fois tu trouves ça dont plate de devoir rentrer travailler le matin.


Au moins, toi, ton café chaque matin, il vient chaud des mains d'un commis, pas du fond d'une poubelle mélangé avec du jus de cigarette.


Pis ça te fait de quoi pendant quelques secondes, jusqu'à temps que le reste du monde te ramène à ta réalité où t'en a un peu rien à foutre parce qu'on est tous un peu comme ça.


Parce que dans l'fond, boire du café dans les poubelles, on s'en sacre tous un peu tant que c'est pas nous qui le fait.