22.5.17

TA VIE PLATE

Disons que toi t'haïs les trottoirs. T'as le droit. Tu peux être pour l'idée qu'on doit partager la route tout le monde ensemble, main dans la main dans la porte de char. C'est excitant pour certains la platitude, le sweet nothing. Excitant même, probablement. Sûrement.

Pour d'autres, c'est l'inverse. Le dude weird au coin de la rue qui te fait peur, lui, il l'aime. Il l'aime le bizarre qui se promène avec deux drapeaux à bout de bras dans un quartier semi-douteux. Que tu sais pas trop où il s'en va avec ça, ou quel message il essaie de passer, si message à passer il y a.

Ou ben la madame qui crie après rien ni personne en diagonale d'un bar vers onze heure minuit un jeudi soir. Ben oui, est bizarre. Ben non, a t'attaquera pas. Ben oui ça te sort de ta zone de confort, parce que pour une fois tu vois la maladie mentale en plein dans ta face pis ça fait crissement différent de ta vie plate et qu'en dedans ça te lance un signal différent de la couleur de ton gazon.


Pis là tu vois du monde qui ont pas de logement, parce que pour une raison ou une autre t'as décidé de pas prendre ta voiture aujourd'hui. Du monde qui sont pauvre, du monde sale. Pis ça t’écœure un peu parce que les pauvres qui ont pas de logement c'est sale pis ça quête. Pis là après quelques fois à te surprendre à te rendre quelque part en marchant, tu commences à pu vraiment les voir, parce que t'en vois partout.

Pis un moment donné t'attends l'autobus pis y'en a un qui te parle, pis caliss, le gars est pas méchant. Tu vois que y'est pas là à 100% parce que tsé, c'est un itinérant, mais y'est ben fin. Faque là après finalement tu finis par leur faire un genre de semi-sourire quand t'en croises dans la rue, parce que t'as commencé à finir par lâcher tes estis de préjugés de gars qui croise jamais fuckall de monde différent dans sa vie pis qui trouve juste ça ben drôle de rire des pauvres, à un gars qui commence à réaliser que ce monde-là, c'est du vrai monde. Des vraies personnes qui ont des vraies vies, même si leurs vies sont vraiment plus de la marde que la tienne. Que c'est des humains que tu croises, pas des déchets. Qu'eux autres aussi ont une paire d'yeux pour te voir les mépriser à longueur de journée. Pis que ça lui arrive probablement souvent d'en brailler une shot quand il pense à sa vie.

Pis que l'autre dude pour qui ça pas l'air d'aller ben ben dans sa tête, lui aussi, y'a des moments de lucidité où y doit l'haïr sa vie de marde où tout le monde le juge. Et qu'il peut rien faire pour, parce que y'a justement quelque chose de fucké dans sa tête qu'il contrôle pas.

Parce que y'a personne qui crie sa vie dans le vide par pur plaisir.