C’est rare qu’on entend encore parler des guides du genre Protégez-Vous. Ça nous permettait à une époque de lire des articles écrits par on sait pas qui, mais qui nous disaient ce qui était bon ou pas. Et vu qu’on pouvait pas aller sur les Interwebs pour lire les commentaires la plupart du temps négatifs des gens qui sont pas contents, ben c’était la référence.
Et quand t’étais un kid avec des parents avertis, ça avait une très grosse incidence sur ce que t’aurais, parce que partout à la télévision, à la radio, au marché, dans ton salon, à l’école, dans la rue t’entendais des gens dire Ça l’air que l’Protégez-Vous a pas bien coté ce jouet-là.
Faque si tes parents t’achetaient pas n’importe quelle bébelle, ça arrivait que t’avais pas l’affaire qui passait à la télé et qui semblait fantastique, parce que ça avait juste eu deux étoiles pour qualité de marde.
Pis des fois, y’en avait une ou deux, des bébelles, qui se rendaient quand même jusqu’à toi, par la magie du quelque chose.
Genre les Crash Dummies. Hello, 1990-1993.
Des petits bonshommes qui explosaient quand tu pesais sur un bouton sur leur ventre. Des véhicules qui se pseudo détruisaient quand ils fonçaient dans quelque chose. Avec des springs pis toutte. C’était mégamusant. YouTubez ça, les jeunes et les moins jeunes, histoire de savoir ce que vous avez manqué. Y’avait même une cassette VHS d’un petit film mettant en vedettes nos personnages favoris qui venait avec certains jouets de la magnifique gamme. Du bonbon.
Sauf que les Crash Dummies, y’avaient une note assez moyenne dans le Protégez-Vous, parce que c’était quand même cheap. Genre que les springs brisaient assez facilement pis que tu perdais des pièces comme quelqu’un perd du poids après une chirurgie bariatrique. Donc c’était déconseillé aux parents d’en acheter à leurs enfants, et probablement conseillé à la place de leur pogner un gros jouet plate en un morceau qui bouge pas ou un genre de jeu de cartes éducatif sur l’histoire de la pomiculture québécoise.
C’est sûr que vu de même, ton enfant va aussi être mieux protégé à regarder de la peinture sécher que de jouer au hockey dans la rue. Et probablement finir dans un état végétatif, en bonus.
D’ailleurs, y’a quelque chose comme une belle ironie que des jouets basés sur des mannequins qui testent des voitures pour notre sécurité et notre protection, soient pas recommandés par un guide pour la protection du consommateur.
Manque juste à savoir qui nous protège du Protégez-Vous.
On est donc rendus plus ou moins vingt ans plus tard dans l’ère post Crash Dummies, vu que pas mal tous les jouets devaient être scrap vers 1995-1996.
Et pourtant, le beau film en VHS précédemment mentionné a été uploadé à maintes reprises sur YouTube par plusieurs excellents samaritains qui trouvaient probablement que l’avoir disponible une seule fois c’était pas assez. Et tous ces vidéos-là mis ensemble ont des centaines de milliers de visionnements.
Pourquoi? Parce que, fondamentalement, y’avait quelque chose de marquant dans ces petits bonhommes là. Ceux qui étaient jeunes à cette époque-là et qui en avaient s’en rappellent encore souvent comme quelque chose de marquant. Sure, c’était probablement cheap que l’criss, mais ça en a marqué, des esprits. On pourra pas dire que l’investissement des parents aura pas été rentable quand deux décennies plus tard on s’en rappelle encore positivement.
Comme quoi, des fois, un trip marquant et pas durable sera mieux qu’une longue expérience durable, mais plate.
17.7.17
18.6.17
L'ESPACE
C'est grand l'Univers. Y'a beaucoup d'espace entre les espaces. Du rien, du vide, des trucs qui flottent. Qui flottent dans le vide. Qui se forment, qui disparaissent. On voit ça de loin, ou on le voit pas vraiment. On regarde dans le ciel, on voit des points blancs dans l'espace, c'est joli. Ça brille. C'est loin, mais c'est aussi un peu indiscernable. Des astres énormes, plus grands qu'on pourrait jamais se l'imaginer, qui sont de minuscules points dans le ciel. Fascinant et un peu épeurant en même temps.
On se promène dans l'espace aussi, parce qu'on peut pas se promener dans les places où y'a pas d'espace. À moins que ce soit une foule, là y'a pas d'espace, mais on peut pousser le monde en s’excusant et on en crée de l'espace pour bouger. Sinon, c'est pas évident de se déplacer dans un non-espace à moins d'avoir un don très spécial, ou d'être infiniment petit. Donc on bouge dans l'espace où il est possible de se déplacer, pour se rendre quelque part ou nulle part, ou un peu des deux à la fois. Le rien physique qui est le plus présent tout au long de notre vie.
D'autres fois on manque d'espace, on en veut plus, on se trouve un peu pris dans son petit espace, donc on en cherche un plus gros pour avoir plus de trucs ou plus de place pour mettre des trucs qu'on a pas ou qu'on pense qu'on aura pour combler le vide dans l'espace, dehors comme en dedans. Des fois on en a trop parce qu'on a rien à mettre dedans, donc on se déplace dans plus petit pour économiser sur autre chose. On coupe dans l'espace physique pour se donner plus d'espace dans nos finances pour donner plus de place à nos loisirs.
Ou on fait rien, parce qu'on s'en fout.
Ou on fait rien, parce qu'on s'en fout.
Y'a des espaces qui se créent aussi, qu'on le veuille ou non. De l'espace parce que t'as trop laissé d'espace-temps couler entre toi et l'autre en te déplaçant trop loin dans l'espace sur trop de temps. Ou trop d'espace dans la tête parce que t'étais pas assez présent dans ton espace. Un vide mental qui en amène un physique. Un espace que tu t'imagines, que tu construits dans ta tête et qui finit par se manifester dans le réel. Du vide involontaire qui se trouve une petite place au début et qui grandit exponentiellement, et qui fait que tu te ramasses à une place où tu t'imaginais pas, loin de la place où tu voulais réellement être. Et là t'essaies de sortir de ton nouvel espace où tu veux pas être, mais tu manques de repères pour retrouver les autres qui te manquent tant. Comme être dans une bulle où tous les chemins ont l'air un peu les mêmes, peu importe le chemin que tu prends.
T'as laissé les étoiles fuir sans t'en rendre compte, et maintenant tu peux seulement les voir lointaines dans le ciel.
Heureusement, des fois, en courant assez vite, c'est possible de les rattraper.
Heureusement, des fois, en courant assez vite, c'est possible de les rattraper.
22.5.17
TA VIE PLATE
Disons que toi t'haïs les trottoirs. T'as le droit. Tu peux être pour l'idée qu'on doit partager la route tout le monde ensemble, main dans la main dans la porte de char. C'est excitant pour certains la platitude, le sweet nothing. Excitant même, probablement. Sûrement.
Pour d'autres, c'est l'inverse. Le dude weird au coin de la rue qui te fait peur, lui, il l'aime. Il l'aime le bizarre qui se promène avec deux drapeaux à bout de bras dans un quartier semi-douteux. Que tu sais pas trop où il s'en va avec ça, ou quel message il essaie de passer, si message à passer il y a.
Ou ben la madame qui crie après rien ni personne en diagonale d'un bar vers onze heure minuit un jeudi soir. Ben oui, est bizarre. Ben non, a t'attaquera pas. Ben oui ça te sort de ta zone de confort, parce que pour une fois tu vois la maladie mentale en plein dans ta face pis ça fait crissement différent de ta vie plate et qu'en dedans ça te lance un signal différent de la couleur de ton gazon.
Pis là tu vois du monde qui ont pas de logement, parce que pour une raison ou une autre t'as décidé de pas prendre ta voiture aujourd'hui. Du monde qui sont pauvre, du monde sale. Pis ça t’écœure un peu parce que les pauvres qui ont pas de logement c'est sale pis ça quête. Pis là après quelques fois à te surprendre à te rendre quelque part en marchant, tu commences à pu vraiment les voir, parce que t'en vois partout.
Pis un moment donné t'attends l'autobus pis y'en a un qui te parle, pis caliss, le gars est pas méchant. Tu vois que y'est pas là à 100% parce que tsé, c'est un itinérant, mais y'est ben fin. Faque là après finalement tu finis par leur faire un genre de semi-sourire quand t'en croises dans la rue, parce que t'as commencé à finir par lâcher tes estis de préjugés de gars qui croise jamais fuckall de monde différent dans sa vie pis qui trouve juste ça ben drôle de rire des pauvres, à un gars qui commence à réaliser que ce monde-là, c'est du vrai monde. Des vraies personnes qui ont des vraies vies, même si leurs vies sont vraiment plus de la marde que la tienne. Que c'est des humains que tu croises, pas des déchets. Qu'eux autres aussi ont une paire d'yeux pour te voir les mépriser à longueur de journée. Pis que ça lui arrive probablement souvent d'en brailler une shot quand il pense à sa vie.
Pis que l'autre dude pour qui ça pas l'air d'aller ben ben dans sa tête, lui aussi, y'a des moments de lucidité où y doit l'haïr sa vie de marde où tout le monde le juge. Et qu'il peut rien faire pour, parce que y'a justement quelque chose de fucké dans sa tête qu'il contrôle pas.
Parce que y'a personne qui crie sa vie dans le vide par pur plaisir.
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