15.5.15

LES PISSENLITS

C'est l'été qui arrive. Pourquoi? Parce que les pissenlits. C'est assez chaud pour des pissenlits, et habituellement, une fois qu'ils sont arrivés, ils repartent pas dans le gel. En fait, ils arrivent on sait pas trop comment, et repartent quelques temps plus tard de la même manière, après s'être transformé en boule de mousse. Imagée.

Donc c’est signe d’été, de linge léger, de vie, de saison mémorable, de moustiques, d’extérieur et de sangria.

Et comme chaque saison estivale, des personnages colorés vont se plaindre des beaux pissenlits qui gâchent leur gazon. Parce que mon gazon mon beau gazon. Et là David Suzuki va nous parler des bienfaits du pissenlit. Pis Éric Duhaime va nous dire que les pissenlits c'est un programme subventionné par des socialistes pis qu'on devrait en profiter pour réduire l'État. Et parce que c'est l'été ça pourra ou non faire la une de journaux, parce que l'été carbure aux faits divers à moins d'une catastrophe. Parce qu’on prend ça léger et que ça nous tente pas des grosses histoires lourdes. Bring me another beer, bartender.

Parlez-nous en des festivaux.

Et les publicités de gazon vert, de trous de marmottes, de voisins qui se comparent le parquet sont commencées. Et les incitatifs aux escapades folles pour les jeunes et les fin de semaines en Liberté 55 pour les 65 ans et plus. Et les promesses électorales de l'un et de l'autre avant de partir en vacances, parce que tout le monde va l'oublier quelque part entre deux verres sur une terrasse. Et l'odeur des BBQ dans les rues, des feux dans les places qui sont pas des rues. Des feux d’artifices semi-syncro dans la radio de la madame avec sa chaise longue. Je comprends pas trop comment c’est supposé m’inspirer l’œuvre de Riopelle ces feux-là.


Et t’as les belles photos de paysages inspirants et rustiques de ton Ami Aventurier en voyage au Bangladesh, et de Matante Malaise qui fait un #selfie au Tigre Géant à Varennes. T’as les gens de Laval qui sortent dans les supper clubs, et ceux qui cherchent dans les poubelles un reste de club sandwich pour souper. Et les soirées qui terminent tard et tôt à la fois, dépendant à quelle journée tu te réfères.

Et c’est comme ça la saison des fleurs. On l’attend pendant des mois parce que la plupart des gens normaux aiment ça. Parce que c’est joyeux et léger comme un vin rosé. Parce que ça sent généralement bon, parce qu’on a pas l’impression de se battre avec la nature pour rester en vie, mais bien d’en profiter. Parce qu’on peut voir les gens, et non pas seulement juste des gros manteaux ambulants. Parce que la crème glacée justifiée parce qu’il fait chaud, même si un verre d’eau aurait amplement fait l’affaire. Et le pas de besoin de planifier ton départ trente minutes à l’avance pour mettre tes bottes et ton manteau et ton foulard et tes mitaines et réchauffer la voiture ou se réchauffer dans l’abri bus.

Parce qu'il fait chaud. Parce qu'il fait beau. Parce que les pissenlits sont sortis au même moment que les martinis.