20.8.14

LE HASARD

C'est pas amusant, le hasard. C'est juste des choses qui se passent en même temps parce que c'est comme ça que ça arrive. Tu rencontres quelqu'un dans la rue, t'avais justement pensé à lui hier, c'est le hasard. Juste ça. Pas parce que Mars est en Neptune. Pas parce que c'est ton frère cosmique. Pas parce que c'est le destin. À moins que pour toi, le destin, c'est rien de plus que du hasard. C'était ton destin parce que le hasard en a voulu ainsi.

C'est angoissant, le hasard. Parce que ça te remet en pleine face comment la vie c'est aléatoire. Et l'aléatoire, ça se contrôle pas. Ça fait vingt fois de suite que tu perds à la loto? Même pas gagné un billet gratuit? C'est pas de ta faute, c'est pas parce que tes chiffres sont pas bons. Sont aussi bons que n'importe quels. Comme pile est pas supérieur à face. Tu pourras jamais contrôler ce qui se contrôle pas. Oui, tu peux provoquer les choses, mais c'est jamais la faute du hasard quand c'est provoqué. Genre si tu croises Paul, le bon vieux Paul, le matin après avoir rêvé à lui, c'est probablement juste parce que ce matin là, t'es passé où Paul passe, ou l'inverse. Paul le sait pas que t'as rêvé à lui, du moins, pas avant de lui dire que ça se peut pas des coïncidences comme ça mon Paul! Paul, lui, ton hasard cosmique, on lui en avait pas parlé. Y'était pas dans le coup. C'est chien.

Faut pas s'y fier, au hasard, parce que ça revient essentiellement à se fier au néant. Tout le monde est victime ou miraculé du hasard. Y'a personne qui te regarde d'en haut et qui se dit Oui, lui, aujourd'hui, c'est son jour de chance. La chance, c'est juste un beau gros plus qu'il faut prendre. Parce que c'est dans la moyenne des choses que parfois, ça aille bien. Comme des fois ça va aller mal, et c'est pas à cause de la pleine Lune ou parce que t'as vu un nombre premier de chats noirs.

Le hasard fait pas particulièrement bien les choses. Les choses sont ce qu'elles sont. Le hasard va faire les choses, qu'elles soient bien ou horribles. C'est satisfaisant quand le karma fait une belle job, mais c'est pas exclusif à la personne. Un saint peut mourir du cancer à trente-quatre ans, alors que la pire personne au monde pourrait finir ses jours dans le sud avec une énorme richesse. C'est juste que c'est agréable quand la vision qu'on a de quelqu'un ou quelque chose concorde avec ce qui lui arrive. 

Oui, des fois quand on court après le trouble, on va le trouver, mais d'autres fois non. Et c'est pas moitié-moitié non plus, y'a pas de moyenne du karma. Si t'es du genre à voler une poignée de dépanneur par semaine, c'est assez probable qu'un jour tu te fasses prendre. Mais ça c'est pas une question de juste retour des choses, c'est juste parce que t'es con.




Faut se créer ses chances, pas se fier au hasard. Il en a rien a foutre, lui, parce qu'il existe même pas. C'est juste un mot pour s'expliquer q'il y a pas de lien entre les choses, et ça nous irrite profondément quand on peut pas s'expliquer les choses. Donc on s'invente des créateurs, des forces et des histoires pour que ça fasse moins mal, pour donner un sens à quelque chose qui en a pas toujours.

Pourtant, c'est un peu ça la beauté de la vie, qu'on soit pas capable de tout contrôler et de tout expliquer. Les choses, à cause du hasard, vont parfois être en notre faveur, parfois pas. Et ce sera la faute de personne ou de rien plus grands que nous. Le vide qui existe au-dessus de nos têtes, il est seulement là pour nous faire peur si on ne l'accepte pas.

Bref, une fois le hasard écarté, la seule chance qu'on peut se créer, c'est celle qu'on se fera.

9.8.14

LA CRISE DE L'ÉDUCATION

Non, mais ça va mal. Les enfants. La crise. La fin de l'éducation. Du savoir-vivre. Du respect. Des bonnes manières. Des gens qui ont des relations sociales saines. De se remplir les poumons de l'air frais de l'extérieur. De s'amuser des années avec un vulgaire bâton de bois. Sont tous sur Facebook. Ou leurs téléphones. Ou leurs jeux vidéos. Ils s'en vont nulle part. Ce sera la génération perdue si on ne fait rien.

C'est partout, et à juste titre, que l'on nous parle de la crise de l'autorité. Jamais peut-être l'éducation n'a davantage oscillé entre l'autorité pesante et la folle liberté et chacune sait dans quel sens penche le plateau de la balance! Jamais donc l'autorité n'a paru plus ébranlée et, non seulement, dans le cœur des adolescents, mais dans le cœur des parents qui hésitent et se demandent où réside le devoir: gouverner ou abdiquer?

Une très belle citation tirée directement d'un article du Journal de Montréal de mai 2014 de La Bonne Parole de novembre 1936. Une revue mensuelle féministe et catholique montréalaise. La crise de l'autorité. Des parents, des adultes. Ça va mal, on sait pas de quel côté pencher. S'il faut en donner plus ou moins à nos enfants.

Aie aie aie.

















Le débat dure et perdure. Comment élever les jeunes, nos jeunes, les autres jeunes. Ça a toujours été et ce sera toujours. Les gens tentent de voir une crise dans tout, mais la crise, si on veut en trouver une, est perpétuelle. Le fait que les jeunes sont plus jeunes que nous, et que les vieux sont plus vieux que nous, c'est ça, la crise. On ne peut pas s'identifier à leur monde, parce que le nôtre a été différent depuis le début.

Chaque fois qu'on parle de problèmes majeurs qui guettent nos enfants, c'est parce que c'est différent. Parce que nos enfants, c'est pas nous, c'est eux-mêmes. Ils sont nés dans une époque différente, avec des réalités différentes. Et ce sera toujours, toujours ainsi. Ce qu'il faut regarder, c'est non pas si l'apocalypse est à nos portes, mais bien ce qui est nouveau, pour au moins juger ce qui est bien et moins bien pour un enfant, sans jamais tomber dans l'idée de vouloir recréer notre enfance tellement supérieure, qui ne l'était que pour nous, parce que nous, on l'a vécue. 

Parce que c'est certain qu'un jeune pourrait jamais vivre dans le bon vieux temps, qu'il est ben trop ci et beaucoup trop ça. Mais on se le cachera pas, grand-maman non plus goal pas fort dans le monde moderne. Elle a pas ça un internet chez eux. Et tu pourras pas lui parler des réalités spécifiques à ton monde, parce qu'elle vit pas dans ce monde là. Ben, tu peux, mais y'aura toujours une coupure sur certains points. Et c'est normal. Autant que tu pourras jamais parfaitement bien comprendre ton enfant sur les spécificités de sa génération, parce que t'es pas né en 2003. Post-millénaire. Post-9/11. Post-pré-Internet.

Ton enfant, ton jeune, tout ce que tu peux faire, c'est essayer de lui montrer les grandes lignes. Essayer de comprendre sa réalité sans tenter de la changer pour qu'elle soit la tienne. D'accepter qu'il sera pas toi, qu'il aura pas ta vie.

Et lui aussi, dans une vingtaine d'années, il va dire à qui voudra bien l'entendre que le problème avec nos jeunes, ben c'est qu'on est en pleine crise de l'éducation et qu'il faudrait faire quelque chose pour pas que ça dérape. 

Et que quelqu'un sur une plateforme avec une référence plus contemporaine que le ketchup mauve écrira quelque chose comme ça.