Celle qui serait tendance. L'espèce de truc vague qui sort d'on sait pas trop où. Celle qui dicte où tu peux aller pour te démarquer ou pour te fondre dans une masse de gens à la mode.
C'est qui qui a décidé que d'avoir des grosses lunettes pas de verres, un chandail de friperie et un bol de café Mason dans une brûlerie branchée sur Parc ça serait hipster? Ou plutôt, que ces éléments-là feraient partie intégrante de l'hipsterisme? Probablement que ça se construit tranquillement avec le temps, à force du nombre de gens qui suivent le mouvement et de pseudoclichés. Et de sacs réutilisables remplis de sanglier sauvage à la Maison du Rôti.
En même temps, les modes vestimentaires, ça se comprend. C'est l'expression de soi, d'une pensée, d'un mouvement. Un gothique est pas le même type de personne qu'un nerd ou qu'un sportif à certains égards. On tente tant bien que mal de montrer ce qu'on est en dedans par ce qu'on est en dehors. Pas pour rien que la mode est plus forte et démarquée chez les jeunes ou les marginaux.
Ce qui semble encore plus abstrait que la mode vestimentaire, par contre, est la mode. La tendance. Par exemple, celle qui dicte que ce printemps, le vert crevette sera définitivement la couleur du moment. Probablement décidé en consensus par Benjamin Moore et IKEA pour remettre au goût du jour une balance de stock qui vendait pas bien. Et là les émissions de déco s'excitent. Le vert crevette! C'est tellement beau! On devrait refaire le design au complet de la cuisine, parce que le style épuré industriel, c'est complètement dépassé! Le vert crevette en plus, ça s’agencera à merveille avec votre pelouse quand vous aurez fini votre outdooring dernier cri!
Jusqu'à ce que le vert crevette écoeure tout le monde comme une crevette verte. Comme le brun orange des années 1970. Ou les couleurs terre des années 2000. Ou le tapis. Ou le stucco. Et qu'on entre chez les gens en se disant Mon Dieu que ça aurait besoin d'être rafraîchit ici! Et que là les designers d'intérieur arrivent en force pour nous dire comment changer tout ça pour que notre cuisine soit au top des tendances pendant un an ou deux. Des créateurs de mode.
Et on tombe tous pour ça jusqu'à un certain point, parce qu'on en est entouré. Surtout quand la pub nous montre des gens heureux dans des endroits au goût du jour, notre vieux salon nous semble horriblement déprimant.
Parce qu'on a besoin de petits changements comme ça pour se désennuyer, pour se faire croire qu'on vit quelque chose de gros dans notre petite routine.
C'est un genre de ménage du printemps stylistique, où on se défait de l'ancien super beau, pour un autre qui le sera pas dans peu de temps.
Ça désemmerde.
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