27.8.13

LES DINOSAURES

Les dinosaures ont vécu il y a de ça quelques années. Pour ceux qui y croient du moins. Ou plutôt, pour ceux qui ne croient pas qu'ils ont été placés là pour tester notre foi. Car de dire qu'on y croit, serait un peu comme dire qu'on croit à l'oxygène. Dans des cas tangibles comme ça, les sceptiques ont le fardeau de la preuve.

Donc les dinosaures étaient là bien avant nous, eux et tous les autres. On parle de reptiles ici. De gros, de petits, de volants, de carnivores, d'herbivores, de Steven Spielberg. Bref, tout le monde, on l'espère, est capable de s'en imaginer un. Si c'est pas le cas, il faudrait sérieusement penser à faire un ménage dans sa vie et réaligner ses chakras. Et à se gâter avec une petite soirée cinéma.

Ces dinosaures-là dominaient la Terre, d'après ce qu'on sait et ce que le gros bon sens nous dit. On parle ici de reptiles géants. Quoique ça aurait probablement été différent aujourd'hui, alors qu'on aurait pu lire sur Wikipédia qu'ils sont en voie d'extinction due au braconnage/la chasse/la pollution/les pesticides/le réchauffement climatique/la surconsommation/la valeur de leurs dents sur le marché noir.

Bref, ils étaient pas mal partout dans ce temps-là.

Et puis un jour ils sont partis. Très fort probablement à cause d'un météorite. C'est comme ça que ça se passe souvent dans la vie.



Et puis quelques millions d'années plus tard, d'autres dinosaures sont apparus. Ils existent encore partout autour de nous. Vous en êtes peut-être même un. C'est excitant. 

Les dinosaures modernes. Modernes simplement parce qu'ils sont contemporains. Parce qu'un dinosaure moderne, est tout sauf moderne. En fait, un dinosaure moderne est souvent le genre de dinosaure qui ne croira même pas aux anciens dinosaures parce que des livres lui ont dit autrement.

C'est un dinosaure qui n'aime pas le changement. Un dinosaure qui était confortable avant et qui ne l'est plus. Donc il reste dans le passé pour garder sa tranquillité d'esprit. Du type qui a des idées d'une autre époque pas très lointaine, mais où tout était si différent. Bref, un immortel dans un stade avancé.

Car le monde change constamment, et il faut s'adapter. C'est certain que la simplicité est souvent bien plus agréable, mais d'être assez satisfait de notre état planétaire actuel pour renier tout changement fait preuve d'un grand manque au niveau des idées. 

Parce que le passé des uns aura toujours été le futur des autres. Non pas qu'il faut laisser le passé de côté complètement, mais ce n'est certainement pas en y retournant qu'on avancera. Ce n'est pas en souhaitant revenir dans le temps qu'on réussira à devenir un monde meilleur, plus égalitaire et harmonieux. Et ce n'est peut-être pas non plus en changeant les choses qu'on y arrivera, parce que l'utopie reste une utopie, mais les chances seront toujours supérieures en s'y essayant. 

Essayer de penser à la survie de sa race plutôt que simplement à la nôtre.

Et pas besoin de s'inquiéter de roches venues de l'espace dans notre cas, puisque notre plus grande menace sera toujours la météorite que nous sommes.

22.2.13

LES IMMORTELS

Les immortels. Des gens qui semblent avoir une connaissance infinie sur tout ce qui est venu avant, et qui jettent un regard nostalgique sur ce qui est maintenant. Les gens qui critiquent constamment le présent, notre société actuelle sous tous ses aspects.

Mais où s'en va-t-on? pourrait facilement englober l'idée générale des immortels. Certains ont moins de chandelles sur leur gâteau que la carrière de Paul Sarrasin, et pourtant, ils font déjà référence à des moments du passé comme étant une époque qui nous manque et qu'on voudrait retrouver, parce qu'on serait en constante dégénérescence. L'humain s'en irait dans un gouffre duquel il ne pourrait plus sortir.

Et là on parle pas de changements climatiques, d'enjeux politiques, de corruption, de guerres religieuses ou quoi que ce soit du genre. Non non, les immortels, ce qui les agacent, eux, c'est des choses plus générales que ça. Du genre La génération du tout-cuit-dans-le-bec. Prendre des cas particuliers pour en faire une généralité qui tourne en une génération complète. 

Non mais heye, moi là, la fille de mon amie s'est fait toucher par un petit gars à son école. Moi ça, ça arrivait pas dans mon temps. J'me demande où s'en va notre jeunesse. 
Ça arrivait dans ton temps. Ça a toujours arrivé pis ça arrivera toujours. C'est plate, mais c'est ça. Ça se disait juste moins. Les petits gars de 12 ans étaient pas tous des gentlemen en 1953, 1976 ou 1987. C'est pas parce que ça arrivait pas, ou que ça se disait pas dans ton entourage, que ça existait pas.

C'est comme si passé un certain âge, certains oubliaient complètement comment c'était dans leur temps, qui parfois est environ cinq à dix ans en arrière. Y'a rien de plus drôle qu'un jeune qui a à peine le droit de voter parler des plus jeunes comme faisant partie d'une génération perdue. Man, réalises-tu qu'à une ou deux différences près, c'est exactement la même génération que toi? Que tes commentaires sur les filles avec des chandails trop courts, les gens qui sont dix ans plus vieux que toi disaient la même chose à propos de ton petit toi et/ou de tes amies? Est-ce qu'on entre dans la déchéance de la déchéance, ou ben est-ce que t'as peut-être juste un excès de nostalgie?



D'un autre côté, on tente d'élever nos enfants pour qu'ils soient plus au courant de leur monde, pour qu'ils sachent leurs droits, pour qu'ils pensent par eux-mêmes. On veut qu'ils soient des gens intelligents, qui auront quelque chose à dire. Sauf que le jour où ils prennent trop de place, où l'enfant qu'on voulait complet nous remet en doute, là, là c'est un enfant-roi. C'est un p'tit criss qui veut tout cuit dans le bec. Qui veut pas faire d'efforts. Qui donnera rien de bon. Comme toute sa génération. L'autre avant c'était correct qu'il le fasse. C'était correct un air de rébellion dans notre temps, mais là, maintenant que c'est rendu contre nous, c'est pas bien. Faites c'que je dis, pas c'que je fais.

Au moins, c'est facile de contrer la bullshit de ces gens-là. T'as juste à dire Par rapport à quoi? et directement ça tombe. Dans le genre de T'as tu des faits ou quelque chose pour te backer, ou ben tu fais juste dire ça parce que tu l'as entendu à tivi?. Les impressions personnelles ou imagées d'un temps meilleur, c'est ben correct, mais ça battra jamais les faits. 

Comme de se demander où on s'en va quand on voit des tueurs massacrer des innocents. Le meurtre, ça fait quelques années que ça existe. Et non, les tueries publiques c'est pas une chose récente. C'est juste différent d'avant maintenant, parce qu'on est pas dans le monde d'avant. Et les tueurs trouveront d'autres manières dans l'avenir. Parce que c'est comme ça.

Point positif en contrepartie, les statistiques nous disent qu'il y a globalement, ici au Québec, de moins en moins de crime et de meurtres. Statistiques. Pas de vagues souvenirs. 

Bref, c'est juste tannant de toujours voir des gens se remémorer un temps passé où tout était rose, même s'ils l'ont jamais vécu. C'est l'équivalent d'une histoire transmise oralement de génération en génération. Ça finit toujours en version édulcorée. 

Et par un goût de dire à ces immortels qu'ils devraient peut-être un peu plus s'informer sur ce qu'ils avancent avant de se prononcer. Histoire de pas avoir l'air de quelqu'un qui a reçu ça tout cuit dans le bec au moment qu'ils doivent défendre leur point de vue.



3.2.13

LA MODE

Celle qui serait tendance. L'espèce de truc vague qui sort d'on sait pas trop où. Celle qui dicte où tu peux aller pour te démarquer ou pour te fondre dans une masse de gens à la mode.

C'est qui qui a décidé que d'avoir des grosses lunettes pas de verres, un chandail de friperie et un bol de café Mason dans une brûlerie branchée sur Parc ça serait hipster? Ou plutôt, que ces éléments-là feraient partie intégrante de l'hipsterisme? Probablement que ça se construit tranquillement avec le temps, à force du nombre de gens qui suivent le mouvement et de pseudoclichés. Et de sacs réutilisables remplis de sanglier sauvage à la Maison du Rôti.

En même temps, les modes vestimentaires, ça se comprend. C'est l'expression de soi, d'une pensée, d'un mouvement. Un gothique est pas le même type de personne qu'un nerd ou qu'un sportif à certains égards. On tente tant bien que mal de montrer ce qu'on est en dedans par ce qu'on est en dehors. Pas pour rien que la mode est plus forte et démarquée chez les jeunes ou les marginaux.

Ce qui semble encore plus abstrait que la mode vestimentaire, par contre, est la mode. La tendance. Par exemple, celle qui dicte que ce printemps, le vert crevette sera définitivement la couleur du moment. Probablement décidé en consensus par Benjamin Moore et IKEA pour remettre au goût du jour une balance de stock qui vendait pas bien. Et là les émissions de déco s'excitent. Le vert crevette! C'est tellement beau! On devrait refaire le design au complet de la cuisine, parce que le style épuré industriel, c'est complètement dépassé! Le vert crevette en plus, ça s’agencera à merveille avec votre pelouse quand vous aurez fini votre outdooring dernier cri!



Jusqu'à ce que le vert crevette écoeure tout le monde comme une crevette verte. Comme le brun orange des années 1970. Ou les couleurs terre des années 2000. Ou le tapis. Ou le stucco. Et qu'on entre chez les gens en se disant Mon Dieu que ça aurait besoin d'être rafraîchit ici! Et que là les designers d'intérieur arrivent en force pour nous dire comment changer tout ça pour que notre cuisine soit au top des tendances pendant un an ou deux. Des créateurs de mode. 

Et on tombe tous pour ça jusqu'à un certain point, parce qu'on en est entouré. Surtout quand la pub nous montre des gens heureux dans des endroits au goût du jour, notre vieux salon nous semble horriblement déprimant.

Parce qu'on a besoin de petits changements comme ça pour se désennuyer, pour se faire croire qu'on vit quelque chose de gros dans notre petite routine. 

C'est un genre de ménage du printemps stylistique, où on se défait de l'ancien super beau, pour un autre qui le sera pas dans peu de temps.

Ça désemmerde.