4.12.12

LE PIRE

On peut toujours trouver pire que le pire. Y'a pas de limites à l'horreur, à la déchéance et au pathétique. On a tous à un moment ou à un autre pris l'exemple des petits enfants en Afrique pour dire qu'on devrait pas se plaindre. Eux autres y mangent même pas! C'est vrai, y mangent pas. Ou pas beaucoup. C'est triste, c'est déplorable et on devrait, en tant que personne vivant sur la planète, tenter de faire quelque chose pour améliorer leur sort. De l'activisme social. Et par ça, on parle pas d'un Like sur Facebook.

Mais ça fait pas pour autant qu'on a pas le droit de se plaindre. Pour certaines choses, oui c'est vrai qu'on peut souvent sonner comme des enfants gâtés qui ont juste des problèmes dignes du premier monde. Comme dire qu'hier on se sentait plein après avoir mangé juste une assiette au buffet à volonté. On s'entend que personne va nous plaindre à ce moment-là. Autrement, disons qu'on mentionne qu'on aimerait ça se payer un beau souper pour Noël, mais qu'on a pas l'argent pour. Et qu'un quelqu'un vient nous dire qu'au moins, nous, on pourra avoir un souper ce soir-là. Pas comme l'itinérant qui traîne au centre-ville de Montréal.

Donc si on suit le courant de ce type de logique, en théorie, y'a seulement une personne sur Terre qui pourrait se plaindre. Parce que dans le fond, l'itinérant, au moins, il peut manger de temps en temps, pas comme le petit gars éthiopien. Mais le petit gars éthiopien, ben en moyenne, les gens de son pays sont environ trois ou quatre fois plus riches que celles au Congo. Donc il se plaint pour rien, vu qui en a d'autres qui sont vraiment pires que lui. Et on pourrait continuer comme ça longtemps, jusqu'à ce qu'on trouve la personne qui peut le moins manger au monde à Noël. Qui pourrait finalement dire qui a vraiment rien de pire qu'elle. 

Chanceuse.



Ça veut pas dire qui faut pas relativiser notre situation. Oui, on l'a facile pour la plupart d'entre nous en comparaison à d'autres. Oui, il faut être contents de ce qu'on a, d'être nés là où on est. Il faut en profiter au maximum et toujours garder en tête que certains sont réellement dans des situations pires que nous, pour qu'au moins notre confort soit apprécié à sa juste valeur.

Mais ça veut pas dire que ça nous enlève le droit de se plaindre, d'espérer mieux. On vient d'un monde qui l'a plus facile, mais on est pas parfaits pour autant. Nos problèmes nous semblent gros parfois, parce que c'est tout ce qu'on connait. On peut pas savoir c'est quoi vivre dans la famine, la guerre et la corruption. Donc c'est gros pour nous dans notre contexte. C'est pas sain de passer son temps à reprocher aux autres de pas l'avoir si pire, qu'ils se plaignent la bouche pleine de buffets. Parce que le charbon de l'un est le diamant de l'autre, de façon assez aléatoire.

Faut juste faire la part des choses. Aspirer à mieux tout en étant conscient que pire existe.