9.11.12

LE TEMPS

Ça passe vite le temps. Plus vite que tout le reste, qui passe toujours à cause du temps. Ou bien le temps passe à cause des choses, l'un ou l'autre. On fait nos choses, des choses, tout plein de choses, et ensuite on regarde ce qu'on a fait, et on réalise que le temps a passé don ben vite.

Pourtant, si y'a bien quelque chose de constant, c'est le temps. La seule emprise qu'on a sur lui, c'est de le faire passer plus ou moins vite en s'occupant. En s'occupant de nous, des autres. En essayant d'en faire le maximum en peu de temps, pour que nos souvenirs soient remplis d'évènements. Pour qu'hier semble lointain tellement on en a fait, au lieu de se rappeler que l'an passé, à même date, on faisait la même chose. La routine trop constante, ça casse le temps. Si quelqu'un après un an te demande Quoi de neuf? et que tout ce que tu trouves à lui répondre c'est Bof, les chances sont fortes que la routine soit un peu trop omniprésente. Ou bien que la mémoire soit pas ta force.



Le temps, c'est traître parfois, mais ça peut aussi aider. Ça aide à ce qu'on soit pas obsédés toute notre vie avec des choses anodines. Si on vivait toujours le même moment présent, on s'en sortirait pas, parce que tout serait parfaitement frais à notre mémoire, donc on oublierait rien. Ça nous empêcherait d'avancer et d'être nostalgiques à la fois. Parce qu'on aurait une aussi bonne mémoire des mauvais côtés que des bons, considérant que tout serait toujours là. 

Et non, c'est pas qu'il faut tout oublier du passé, mais de fortement s'accrocher amène rien de bon à notre personne. Si le temps était pas là pour nous faire oublier à quatre-vingt-dix-neuf pour cent et demi du temps que Milli Vanilli a déjà existé, on déprimerait. C'est un peu comme tamiser du sable pour trouver de l'or, le temps. On essaie d'évacuer la grande majorité des grains indésirables pour seulement garder le meilleur. Parfois avec des résultats décevants, surtout si on a déménagé au Yukon pour ça dans le processus, mais là, on tombe dans autre chose.

En plus, ce qui est frustrant du temps, c'est que ça existe et pas à la fois. Ça se touche pas, ça se voit pas. Ça se ressent d'une manière, puisqu'on voit les choses changer, mais on en voit seulement les effets, pas la source. On peut pas retourner ou avancer dans le temps, on a aucun contrôle sur lui. On sait à peine comment ça fonctionne. Tout ce qu'on peut voir, c'est que les choses se transforment, vieillissent, évoluent et disparaissent. 

On peut essayer de gagner du temps, ou d'en perdre un peu de temps en temps, mais y'aura toujours autant de minutes dans une heure, une journée et une année. Le truc c'est pas de s'efforcer à gagner le maximum de temps possible, mais de bien utiliser celui qu'on a.

Dans le fond, le temps, c'est comme le vent. Ça nous pousse dans le dos et ça s'en va on sait pas trop où.