19.7.12

LES LASERS

Les lasers, c'est un peu de la magie. Ça peut tout faire, du show de lumières aux millions d'utilités en médecine en passant par les sabres, c'est quelque chose qu'on se sert partout, mais qui reste très abstrait pour le commun des mortels. C'est un peu comme de la lumière tellement concentrée que ça devient dangereux. Et bizarrement utile.

Ou inutile. Parce que c'est tellement spécial que ça se vend vraiment facilement. Quelque part dans les années 1990, du temps du jeune temps, pour une raison encore inexpliquée, la démographique des jeunes garçons a trippé fort sur les pointeurs lasers. Le petit point rouge qui servait auparavant à quelques profs en avance sur leur temps était passé dans les mains des jeunes qui s'amusaient à l'utiliser partout et à brûler des rétines. Y'avait différents embouts aussi, donc on pouvait projeter des dessins pas clairs sur les murs et s'en tanner après quatorze secondes d'utilisation.

C'était un jouet dangereux. Pas directement, à moins d'avoir une propension à avaler des morceaux de métal, mais plutôt parce qu'un point comme ça dans l'oeil pour pas trop long, c'est pas nécessairement la chose la plus bénéfique du monde. On se disait toujours qu'il fallait pas faire ça, alors on le faisait. Pour une seconde, juste pour le thrill d'avoir un gros point rouge directement dans le fond du globe oculaire.

Et comme tout le reste, on s'en est tanné un moment donné. Les dépanneurs ont arrêté d'en mettre sur le comptoir directement dans notre face, et puis on est passé à autre chose. Ça devait être quelque part entre une certaine date et l'arrivée/la fin des Tamagochis. Un jouet de plus qui se ramassait dans notre boîte à souvenirs ou dans les vidanges. Certains s'en souviendront comme quelque chose de génial. D'autres comme une perte de temps. Ça en aura marqué plusieurs, dans une certaine tranche d'âge, à un certain moment.



Et maintenant, on en entend plus vraiment parler. Peut-être parce que c'est exclusivement pour les jeunes et qu'on a vieilli, peut-être parce que c'était une mode comme les Pogo balls. On a laissé ça derrière nous, et on s'en porte pas plus mal. Si c'est pas un laser, ça sera autre chose, une autre place, une autre personne, d'autres gens. Les saisons passent, les habitudes changent, nos perceptions se métamorphosent. Ce qui était bien ne l'est plus, ou l'est encore plus. La chose qui nous fascinait hier nous laisse totalement de glace aujourd'hui, ou au contraire nous obsède au point qu'on ne veut plus la laisse partir.

Tout ça, c'est inexplicable. En tout cas, ce l'est pas facilement. Personne peut vraiment expliquer pourquoi on se sent d'une manière ou d'une autre, concrètement. On va chercher des raisons à gauche et à droite, et on trouvera des pistes, mais la raison particulière nous restera presque toujours inconnue, probablement parce qu'elle existe pas.

La vie, c'est pas juste rouge, bleu ou vert.

C'est pour ça que le sentiment de lassitude ou d'enthousiasme, c'est aussi immatériel et captivant qu'un laser. 

Surtout pour un chat, le laser.