27.6.12

LES COULEURS

Y'a vraiment plein de couleurs. Rapidement comme ça, on pourrait nommer le rouge, le bleu, le vert, le jaune, le mauve, l'orange, le brun, le gris, le turquoise, le fuchsia, le lilas, le violet, le cyan, le magenta, le pourpre, le rose, l'argent, l'or, le bronze, le bel effort pour la participation.

Y'a des couleurs qui sont juste ça, des couleurs. Et t'as celles qui sont nommées en l'honneur de quelque chose qui était cette couleur-là avant qu'on décide que c'était ça. Comme la couleur crème ou l'émeraude. Qui vont, soit dit en passant, pas très bien ensemble, pour ceux qui voudraient redécorer leur salon ou la cuisine.

Y'a plein de couleurs. Quasiment une quantité infinie. Du plus grand contraste à la plus fine nuance. Des couleurs que l'on voit tous les jours, comme le bleu du ciel, qui nous semble parfois plus éclatant qu'il l'est vraiment, ou plus gris, dépendant de notre humeur. Le vert de l'été, de la nature qui vit, du gazon bien taillé devant les maisons. Le jaune, le rouge de l'automne, des feuilles qui tombent, qu'on dit souvent être le plus beau moment de l'année, ironiquement, alors que tout meurt. Le rouge passion, le rouge de l'amour, le rouge du sang. L'intensité du moment. La couleur du désir, de l'action, de la provocation. 

Et puis on a les couleurs qui existent pas vraiment souvent dans la nature, comme le mauve. Un beau mélange de rouge et de bleu, de l'eau et du feu. Une couleur qui attire l'oeil, qui s'étend maladroitement sur des frites. Qui se manifeste dans les teintes du ciel quand le soleil se couche, dans quelques fleurs, dans certains oiseaux. 



Le noir et le blanc, l'absence, ou l'amalgame de couleurs. Le tout et le rien. Voir en noir et blanc. Voir le bien et le mal. Être avec nous ou contre nous. Oublier que le gris existe, sans devoir nécessairement avoir à devenir un beige sans saveur.

Rêver en couleur. Se faire reprocher de le faire, de voir trop grand, trop beau. Comme si rêver en noir et blanc était mieux. Plutôt opter pour ajouter son pigment à un monde qui en manque parfois, à un monde qui semble à certains moments se forcer à croire que le noir et blanc est définitivement une meilleure option que la couleur, à la manière d'un grand nostalgique. 

Vouloir mettre du bleu là où il n'y a que du rouge. Ou l'inverse. Agrandir son spectre visuel. Passer des couleurs primaires à une palette complète. Peindre sa vie de petits arbres joyeux là où il n'y a rien. S'efforcer de vouloir créer un monde à notre image, avec les couleurs qu'on aura choisies.

Les couleurs, c'est pas seulement une question d'agencer son coussin avec son divan. C'est aussi d'essayer de se créer des aurores boréales, des couchers de soleil inoubliables, des tableaux abstraits qui vont sembler inaccessibles à première vue, mais qui s'armeront de sens au fur et à mesure du temps, alors qu'on prendra le temps de les observer, et d'y ajouter les couleurs qui nous conviendront, qui nous parleront.

Pour que l'abstrait prenne forme. Dans notre tête, du moins.


6.6.12

LES CHOCOLATS DE PÂQUES

Dans la vie, y'a deux types de chocolat de Pâques. Y'a ceux qui sont vides, et ceux qui sont pleins. On a tous nos préférences, ça se discute autour d'un feu de camp quand tous les sujets ont été épuisés, ou bien dans la salle d'attente chez le médecin avec une dame âgée qui en a entendu parler dans son programme préféré.

Les plus populaires sont les vides. Pas parce que c'est nécessairement meilleur, au contraire. Leur avantage unique réside dans la facilité du croquant. On a pas besoin de mordre fort pour qu'un morceau casse du reste. C'est sympathique, facile de consommation, et ça coûte pas cher. C'est un investissement mineur qui satisfait pas mal tout le monde. On peut en acheter pour toute la famille, pour les amis, pour la blonde, le chum, la belle famille, le facteur, James Dean. Repose en paix mon grand.

Sinon, y'a les pleins. Y'en a moins dans les magasins en général, parce que ça se vend moins. Parce que ça coûte plus cher. Y'a du contenu. Ça te bourre rapidement, donc tu prends plus ton temps pour le manger. Tu te gaves pas la face comme avec le vide pour se retrouver avec absolument rien deux heures plus tard. Et pleurer en boule dans le coin de ta chambre parce que t'as pu rien vu que t'as pas pris le temps d'en profiter.

Prendre le temps de déguster le chocolat. Petit morceau par petit morceau. S'en faire de la fondue s'il faut. Il est bien bien beau ton lapin vide, mais y'est vide. Et une coquille vide, ben on veut pas de ça. En tout cas, on en veut pas longtemps. Ça se casse beaucoup trop rapidement. C'est du plaisir instantané, mais pas marquant. Et si par hasard il s'avère l'être, marquant, ben ça prendra pas long que ça sera juste un souvenir, parce que t'en auras pu.



Investir dans un chocolat plein. Si tu penses que ton kid est heureux avec son chocolat en forme de casque d'Iron Man, regarde-lui bien la face quand il va peser son gros écureuil plein. Gros yeux. Visage heureux. Parce qu'il va savoir que y'en a pas mal plus du chocolat, là-dedans.

Oh, c'est certain que côté apports nutritifs, ça fait considérablement plus mal, un chocolat plein. C'est vrai que ton corps doit pas mal plus en processer. Tu vas probablement ramasser quelques calories en trop sur le chemin, tu vas être écoeuré par bouts, tu vas vouloir le pitcher au bout de tes bras, le mettre dans les vidanges, le laisser fondre au soleil sur un bout de table. Mais c'est ça, la nature de la vie. Soit on en a un peu qu'on termine rapidement pour passer à autre chose, soit on en a beaucoup et on en profite tranquillement en se disant que rien ne presse.

Le plaisir du permanent ou du temporaire. Bien vrai, tu construiras concrètement rien avec ton lapin plein de chocolat. Tu vas juste plus consommer de chocolat. Platement, oui, c'est un fait. 

Mais que ce soit du chocolat ou, disons, de l'amour, la plénitude est toujours ben mieux qu'un faible emballage de sucre cheap qui va te casser dans les mains dans le temps de le dire.

L'investissement, ça rapporte.