2.5.12

LES CONTES DE FÉES

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Et puis plus rien. Le conte est terminé, on ferme le livre, on sort la cassette du lecteur VHS. On va souper, on va s'amuser au parc, ou bien chez un ami. On est jeune, on y croit, on se dit que la vie, ça fonctionne comme ça. Les gens s'aiment, les gens se sont fidèles, ils vont combattre vents et marées pour s'aimer d'un amour pur, pour toujours. Que c'est donc beau, la vie, quand on est jeune.

On se fait vendre du rêve, et on y croit comme si c'était la réalité, comme si c'était ça qui allait nous arriver. On rencontre quelqu'un, on y croit. On se voit vieux avec nos enfants et notre petit château. Et puis finalement, ça se brise, ça s'effrite. L'amour qu'on croyait éternel disparaît. On ne comprend pas trop pourquoi. Pourtant, dans le conte, lui, le prince charmant, son amour, on nous disait qu'il allait durer pour toujours, qu'il serait éternel. On nous avait promis qu'on allait vivre heureux, qu'on allait atteindre la fin joyeuse.

Donc on ressaye encore, croyant que bon, au moins, si c'est juste ça, on aura quelques petits contes de fées à la fin de notre vie. Puis on réalise que non, non, c'est pas le cas. Les gens trompent leur conjoint ou conjointe, vont voir à gauche et à droite, ne veulent pas de relation, savent pas où se positionner. Et puis on se fait chier à travers ça, si on croit toujours aux maudits contes de fées, en se disant qu'on devrait pouvoir s'en sortir indemne si on a encore une vision assez simpliste du monde des relations. Que si y'a nous, y'en a d'autres, non?

Et puis on se fait prendre dedans, directement. Bam. On se dit que ça se peut pas, que pourtant, on voyait encore ça comme des contes de fées. Qu'on y croyait fermement, en essayant d'encourager les autres en leur disant qu'ils trouveraient leur princesse ou leur prince. Que Disney, ben, il avait peut-être pas toujours tort. Mais non, on voit bien qu'autour de nous, c'est pas comme notre vision enfantine du monde que ça fonctionne. On essaie d'être comme ça, on essaie de garder une vision utopique de l'amour, et ça plante. Devant nous, dans nous. On fait quelque chose qu'on se surprend avoir fait, on se dit qu'on aurait jamais fait ça, nous, voyons. Et on le fait, ou on en est victime. Comme si Aladdin était allé voir une autre fille que Jasmine, comme s'il avait promis de la marier pour finalement aller voir ailleurs. 



La bulle t'explose directement dans la face, parce que tu réalises à ce moment-là que le temps de regarder des mondes parfaits défiler devant toi sur une télévision, ben, c'est terminé. La vraie vie, avec tous ses défauts, embarque. Et tu tentes comme tu le peux de t'y adapter, de pas juger les gens parce qu'ils sont pris là-dedans. Parce qu'eux aussi, dans le fond, probablement, tout ce qu'ils veulent, c'est trouver l'âme soeur qu'on leur a vendue quand ils étaient jeunes. C'est juste que la vie, dans tout ce qu'elle a de moins beau à nous offrir, en a décidé autrement au fil du temps. Elle a décidé que de résumer le reste d'une vie en une phrase, c'était pas possible. Que la cassette devait malheureusement continuer à tourner, et que ce qui suivait était pas toujours parfait. Qu'on devrait subir des moments moins magiques à travers tout ça.

Essayer de garder en vie un genre de romantisme quand la vie le veut vraiment pas. Quand elle veut nous prouver qu'on fait juste perdre notre temps. Qu'on devrait juste se dire fuck that et abandonner notre vision trop idéaliste. Parce qu'on essaie trop de viser la perfection. Une perfection qui existe pas.

Par chance, on est toujours quelques cons à vouloir y croire. Même si, tranquillement, ça s'effrite en nous, parce que notre petit coeur tente tant bien que mal de survivre aux embûches que la vie met sur son chemin. Et qu'on tente d'y trouver du bon, malgré tout. Pour sauver le peu de beauté utopiste qu'il en reste.

2 commentaires:

  1. Les contes de fées...La fin, qui représente le plus long de l'histoire, est vraiment abrégée en disant: ils furent heureux etc...Mais être heureux c'est des parcelles de vie qui passent parfois à la vitesse de la lumière. Faut être bien "groundés" pour en profiter!
    On est pas cons quand on y croit, on a juste envie d'être bien, le plus qu'il est possible, avec la personne que l'on rencontre, qui nous plaît et qui semble partager une couple de saveurs que l'on aime, en nous apportant aussi les siennes.
    L'amour c'est une expérience de vie comme tout ce qui fait partie de notre vie.
    Il n'y en a pas de garantie mais on se souhaite que ce soit une garantie prolongée. :-)
    L'humain est fort complexe et en amour il y vit l'apogée de sa complexité.
    Il y a aussi le hasard un jour de rencontrer "la personne", notre alter ego, avec qui ça sera vraiment plus simple, avec qui vivre le quotidien, aller vers où on a envie ensemble et aussi pour soi, sera un bon "match" et nous permettra de vivre ensemble plusieurs années.
    Juste pour ça, pour le ou la rencontrer, ça vaut le coup d'aller vers l'autre.
    On cherche, on se cherche à travers nos relations courtes ou longues.
    Notre quête d'apprendre qui on est, se trouve là aussi.
    Y a pas d'utopie, y a que la Vie!

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  2. Ah oui et super ton texte :-)

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