12.5.12

LE GRAND FRÈRE ATTARDÉ

Personne ici est visé en particulier. Si vous avez un grand frère et que vous trouvez qu'il souffre d'une déficience quelconque, c'est votre droit. Et là, on parle pas d'un déficient intellectuel. Ça, c'est pas un attardé, c'est une personne atteinte d'une déficience. Y'a un monde de différence entre les deux. Un déficient, il a rien fait pour, ou bien la vie s'est arrangée pour qu'il le soit. Un attardé, c'est pas nécessairement volontaire à cent pour cent, mais y'a une grosse contribution de l'individu dans son statut. Il est attardé parce que c'est sa personnalité de l'être. La distinction est là, si vous la comprenez pas, relisez.

Le grand frère attardé, donc. Le concept de l'aîné qui est pas un exemple à suivre. Et ça, dans le monde des fruits, l'orange en serait l'exemple parfait. En rapport avec la clémentine. Vrai, c'est pas directement son grand frère, mais les deux sont dans la famille des agrumes, donc le lien est relativement proche. Et visuellement, on s'entend, ça pourrait être des frères. C'est rond, orange, ça a une pelure rugueuse. Des frères de jus. Ou des soeurs, vu que les deux sont féminines. Quand on parle de genre, pas visuellement. Parce qu'elles peuvent pas mal inspirer les deux, de ce côté-là. Des formes rondes, c'est universel.

Alors comment est-ce que l'orange se retrouve à être attardée? Parce qu'elle est une version inférieure de la clémentine, malgré sa grosseur supérieure. Justement, sa grosseur. Trop gros. Ça se transporte mal dans à peu près n'importe quoi qui est pas un sac de voyage. Pas efficace. Aussi, une maudite orange, ça se mange mal. Et le coefficient de facilement mangeable, dans un fruit, c'est un facteur non négligeable. La clémentine, tu pèles, tu sépares facilement, et tu manges ça comme tu veux. Tu te la fourres dans la bouche d'un coup, tu enlèves la petite membrane transparente pour manger l'intérieur, tu la manges dans une salade, dans du pain pita. Comme tu veux.  L'orange, elle, premièrement, à moins d'avoir des outils spécialisés, lire ici le petit bâton en plastique jaune avec un bout recourbé avec lequel tu vas quand même te battre comme un fou juste pour l'ouvrir, ça s'ingère pas bien. La pelure s'arrache en petits morceaux, ça te jute dans la face, ça s'écrase de partout. Et là, une fois que t'as réussis, y'a de la genre de peau blanche sur les trois quarts de ton orange. T'essayes de l'enlever, mais ça marche pas, parce que c'est collé. T'essayes de séparer les morceaux, mais ça non plus c'est pas facile, pas comme avec une petite clémentine toute sympathique. Donc tu finis par juste te dire Fuck it et tu la manges tout croche comme tu peux. Pis t'es sale une fois terminé.


L'orange, on devrait juste consommer ça sous forme de jus. Parce qu'on a une forme adaptée à la consommation quotidienne dans la clémentine qui, on se le cachera pas, goûte à peu près la même chose. L'orange est pas un exemple, c'est pas quelque chose que la clémentine devrait aspirer à devenir, même si elle est moins populaire. La popularité, ça fait pas la qualité.

Comme ton grand frère. Ou toute autre forme de grand frère. C'est pas parce que tout le monde s'exalte devant lui qu'il est nécessairement mieux. Pas parce qu'il est plus attirant de l'extérieur à première vu qu'il est plus intéressant quand tu lui arraches la peau. 

Métaphoriquement parlant. On s'entend.

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