11.4.12

LE BONHEUR

On a tous des bonheurs différents. Y'a pas un grand bonheur qu'on puisse atteindre magiquement pour être éternellement heureux. Ça existe pas. En fait, ça existe pas vraiment le bonheur. Le bonheur qu'on veut atteindre, l'espèce de zone de confort ultime où on serait bien pour longtemps. C'est des illusions. On peut pas filer le parfait bonheur. Pour plusieurs raisons qui font pas mal de sens, pour dire.

Entre autres, parce que y'a rien côté émotions qui est si stable que ça. On aime en montagnes russes, on déteste de la même façon. On peut pas espérer rester sur une longue ligne de joie. Notre compagnon de vie, notre famille, on va plus l'aimer à certains moments que d'autres. Donc viser le bonheur dans cette optique-là, d'espérer de quoi de permanent, c'est un peu trop utopique. Parce que ça arrivera pas. Et que, même si ça arrivait, ça serait même pas désirable.

Non, parce que tout ce qui est trop permanent devient plate. Oui, l'été, c'est génial, mais si on avait pas des saisons plus froides pour nous rappeler comment c'est super, on aimerait pas autant ça. Faut quelque chose et son contraire pour nous le faire apprécier. L'opposition, c'est ce qui fait que les choses sont désirables, qu'on les veut, même si c'est seulement pour un instant. Parce que le bonheur est temporaire. Ça passe comme une étoile filante. Suffit de l'attraper au passage et d'en profiter avant que nos mains brûlent trop. De le prendre et de s'en inspirer, de s'en souvenir pour quand ça sera moins beau, quand la vie nous fera douter de sa beauté.

Parce qu'on va passer par de nombreux moments obscurs. Des passes creuses, des dépressions, des moments de grandes peines. On va se dire que ça sert à rien, que le bonheur reviendra pas, de toute façon. Tu pars en petite quête personnelle pour le retrouver. Tu le cherches à gauche, à droite, en dessous, par dessus. Tu le vois pas, parce qu'il est invisible. Tu rencontres d'autres gens qui le cherchent, eux aussi. Vous essayez ensemble de le trouver, et bizarrement, vous le trouvez l'un dans l'autre. Vous tentiez de le trouver ailleurs, alors qu'il était toujours là, seulement au repos. Fallait seulement le cadran d'une autre personne pour le réveiller. Pour qu'il arrête de peser sur snooze à répétition.



C'est simplement parce qu'on cherche quelque chose de tangible qu'on est jamais totalement heureux. Oh, oui, on va dire aux autres qu'on l'est, parce qu'on veut se le faire accroire, mais on a toujours un petit doute. Sur un point ou sur un autre. Y'a rien de parfait, et ça va comme ça. On bonheurise de notre mieux. Faut seulement s'arrêter pour s'en rendre compte un peu, réaliser qu'à un moment ou à un autre, on peut, au meilleur de nos connaissances, se juger heureux. Une bonne indication qu'on l'est, c'est si y'a pas un soupire qui suit directement le fait qu'on pense Ouais, j'pense que je suis heureux. Qu'on croit réellement avoir une parcelle du bonheur qui flotte dans l'air.

Parce que c'est souvent le chemin qui nous mènera vers le bonheur, vers nos buts qui nous rendra le plus heureux. C'est les rencontres, les découvertes, les apprentissages. On cherche cependant tellement tout le temps une finalité, qu'on en sort souvent amèrement déçu, en croyant qu'une fois de plus, le bonheur nous a échappé. Ou bien, pire, lorsqu'on s'en rend compte seulement une fois que c'est terminé, qu'on était heureux, parce qu'on l'a trop pris pour acquis. Le malheur total que de réaliser avoir passé à côté d'une opportunité en or. En espérant ne pas refaire la même faute la fois d'après.

En profiter pendant que ça passe, et le réaliser. Parce qu'en fin de compte, la vie, c'est seulement quelques vagues de bonheur dans un océan de déceptions.

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