1.3.12

MONOSUJETIQUE

Y'en a par milliers des gens comme ça. Tu leur parles, tout semble ben correct. Ils sont même pas mal intéressants dans ce qu'ils disent, souvent. Ou drôles, au moins. Et puis ça reste à ça. Ils reviennent toujours à la même chose, à dire les mêmes affaires tout le temps. Pis tu t'écoeures, parce que t'en viens à te demander si y'ont autre chose à dire. C'est comme écouter le même épisode d'une émission en boucle. À la longue, c'est pu aussi intéressant, voire que ça en devient emmerdant.

La monosujetie qu'on pourrait appeler ça. L'art d'avoir beaucoup de choses qui se ressemblent à dire sur un même sujet. Décliner ça en un million de variantes. Espérer toujours être intéressant. Le problème avec ça, c'est qu'on s'en tanne. Une personne qui ne parle que de sexe ou de jeux vidéos, un moment donné, t'en viens à te demander si elle en est consciente, qu'elle change jamais de sujet. Parce que la monosujetie, ça peut devenir comme une maladie. Pis c'est pas toujours curable.

Parce qu'un moment donné tu tombes dans un pattern. Genre du carrelage de cuisine datant des années 1970. T'as une audience, t'as du monde qui aime ça que tu sois un one trick poney donc tu réponds en restant ton personnage, en étant ce qui fait vendre ta personnalité. Parce que le monde aime ça, revoir toujours la même chose, voir les acteurs rejouer le même rôle, entendre les mêmes styles de chansons de leurs groupes préférés, album après album. Jusqu'à saturation complète, et à ce moment-là, on passe à autre chose. Et le groupe continue de jouer les mêmes chansons en espérant que les fans reviennent, sans succès. C'est la même chose, le même principe quand t'as juste un sujet de conversation, quand t'exposes juste une facette de ta personnalité.


Puisque oui, personne est monofacettique à ce point-là. Y'a personne qui fait seulement une chose dans la vie. C'est simplement une question de ne pas vouloir plus en dévoiler, de se cacher derrière quelque chose pour une raison ou une autre. Dans un contexte professionnel, c'est compréhensible. On veut pas mélanger sa vie personnelle à ce qu'on donne au public, mais dans la vie de tous les jours, avec nos amis par exemple, l'exercice est un peu plus difficile à justifier.

Parce que la beauté de la vie, c'est dans la complexité. L'intérêt que l'on porte aux gens naît du fait qu'on voit qu'ils sont en trois dimensions, qu'ils ont des forces, des faiblesses. Qu'ils connaissement et s'intéressent à plusieurs choses, qu'ils apprécient plus que ce que le premier regard nous donnerait à croire. Nous surprendre par la profondeur de la personne qui se cache derrière ce que l'on voit. Et surprendre, souvent, ça prend pas un miracle. La plus petite des choses peut être la plus magnifique aux yeux de quelqu'un.

On a été fait complexe. On peut ressentir des choses, créer par toutes nos pores, faire vivre des émotions. Faut s'en servir, c'est ça qui fait que l'humain est aussi fantastique.

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