17.1.12

PETITES MALADIES

Cépacol avoir un mal de gorge. Jeu de mots. État actuel. Cépacol, les petites pastilles qui te font engourdir la gorge pour que t'oublies quelques instants que t'as des couteaux dedans. La bouche engourdie aussi, te rappelant quand tu t'es fait enlever les dents de sagesse, en version soft. Tout ça pour calmer la tempête avant le presque inévitable rhume. Sauf si t'es plus fort que ça. C'est pas un choix, c'est juste comme ça ou pas, t'as aucune incidence là-dessus si tu prends un minimum soin de toi. La nature s'occupe du reste.

Quand même pas important comme maladie. Puisqu'on se dit malade, ça entre effectivement dans la grande famille des maladies, mais on s'entend que c'est loin d'être le sida ou un cancer. C'est un peu comme Pluton. Pas vraiment une planète, mais une planète naine. Rétrogradée à un stade inférieur après avoir été dans l'élite pendant un demi-siècle. Pas tant d'opinions là-dessus, étant pas un scientifique, c'est difficile de dire si c'était un bon choix ou non. On l'aimait bien, elle était loin, toute bleue et avait un nom sympathique. Le mal de gorge, la toux, le rhume, la grippe, c'est des maladies naines. Dans notre société moderne du moins, parce qu'on peut les contrôler assez facilement. Ou les ignorer quand on est en bonne santé, et ça va partir rapidement. Sinon, y'a la clinique. Gratuite ou presque. Difficile de pas s'en sortir si on a la moindre volonté de le faire.

Passer à travers les petites embûches qui se faufilent dans notre chemin avec des Cépacol. 


Nos petites maladies donc, avec lesquelles on doit composer de temps à autres. Rien de catastrophique, juste la vie qui nous rappelle qu'on est pas invincibles, pour nous remettre dans le visage qu'on a une machine qui fonctionne à temps plein à l'intérieur de nous, qui est pas infaillible et immortelle. Faut en prendre soin si on veut bien s'en sortir, si on veut vivre longtemps et bien. Surtout bien, parce que vivre jusqu'à quatre-vingt-quinze ans avec une santé de merde, c'est pas souhaitable. Quand tout ce qui t'occupe la tête c'est de pouvoir passer la journée sans trop avoir mal au corps et à l'esprit, c'est difficile de dire que tu vis vraiment. Pour ça que certains préfèrent cesser tout ça, on imagine, quand t'es rendu à moitié cyborg tellement t'es branché à un nombre impressionnant d'appareils. Être en vie, c'est pas seulement le fait de respirer. Si tu peux même pas profiter le moindrement des moments qu'il te reste à vivre, si t'es seulement un corps qui existe sans pouvoir réagir, sans savoir où il est, sans souvenirs de ceux qu'il devrait toujours aimer, le concept de la vie devient effectivement abstrait. Et illogique. Et dénudé de sens pour ceux qui nous entourent. Parce qu'à ce moment, c'est surtout pour eux qu'on reste. Pour donner l'illusion qu'on y est toujours, que celui ou celle qu'on a été est encore quelque part à l'intérieur. Ce qui est probablement vrai, mais difficilement retrouvable. Tristement.

Vivre ou ne pas vivre. Le descendant de Shakespeare aurait dit ça. Peut-être. Avec un soluté à la main.



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