7.1.12

LA LANGUE

Quel sujet complexe que la langue. Dans le sens de celle que l'on parle, pas qu'on a dans la bouche. Certains l'abhorrent tellement ça a tendance à diviser les gens, même parfois les accointances, comme la famille et les amis. D'autres s'accaparent le sujet comme si y'était question de défendre leur vie et acculeront au mur n'importe qui osera s'opposer à eux, d'un bord ou de l'autre de la question. Surtout quand on est dans un pays, ou une province, où à peu près quatre-vingt-dix pour cent des débats y sont reliés de près ou de loin, même si présentement on est dans une relative accalmie après la tempête d'époques plus mouvementées, et la passion l'emporte souvent sur tout. C'est à ce moment-là qu'on entre dans quelque chose où le côté acariâtre de certains sortira et que leur attitude acerbe nous mènera seulement à des guerres de mots sans fin. Acrimonie probablement attribuable à leur déjeuner qui était pas bon ou à un autre facteur complètement aléatoire, mais qui nous pousse dans un état quasi second où on ressent un besoin profond de gagner notre point et de prouver à l'autre qu'on a raison. C'est à se demander parfois comment on fait pour éprouver autant d'intérêt pour quelque chose, aussi facilement.

Dans son acception première, la langue ou le langage, qui sont pas mal du même acabit, du même moule, c'est un système qui permet de communiquer. J'imagine que vers le début, on parlait pas mal tous la même langue, faute de pas beaucoup de monde. Et puis on jour on a décidé de déménager à d'autres places et de diversifier ça. Ça a donné, avec le temps, ce qu'on a maintenant, c'est-à-dire à peu près autant de langues que de gens. Ça en devient abscons tellement c'est complexe dans son ensemble, mais c'est un peu aussi la beauté de l'humain. Parce que notre langue reflète aussi notre culture jusqu’à un certain point. On peut pas écrire la même chose en français, en anglais ou en japonais. Les mots rebondissent pas de la même manière, les tonalités inspirent des choses différentes. En fait, on peut dire que l'abécédaire propre à chaque langue lui permet d'avoir accès à toutes sortes de subtilités que les autres ont pas. C'est aussi pourquoi parler plusieurs langues c'est fantastique, parce qu'on peut comprendre les nuances sans traduction qui dénature l'oeuvre ou l'intention originale.



C'est en partie pourquoi j'me distancie souvent des débats linguistiques. C'est pas parce qu'on aime autant l'anglais, l'allemand ou le russe que le français qu'on est un impur. Les langues changent avec le temps, c'est la nature des choses. C'est clair que dans le processus, on en perdra, mais on en gagnera aussi. De toute façon, on parle pas le même français qu'il y a cinq cents ans, et encore moins qu'un millénaire passé. On peut adorer notre langue en s'ouvrant aux autres, en lui insérant certains termes. D'ailleurs, toutes les langues sont basées sur d'autres. Étrangement, on voit pas beaucoup de gens qui s'insurgent contre le fait que le français a déclassé le latin au fil du temps, et personne non plus qui trouve ça abject que personne s'en préoccupe. En fait, la passion pour la langue, c'est probablement dû au fait qu'on veut conserver ce que l'on connaît, ce qui nous tient le plus à coeur au moment présent, même si ça contredit un peu le passé. C'est normal, mais en même temps, un peu absurde, quand on y pense. On peut aimer sans se refermer face au monde, on peut abjurer un peu notre zèle incessant et tenter plutôt promouvoir ce qu'il y a de beau dans notre langue par l'utilisation, au lieu de monter les barricades contre les autres comme s'ils étaient tous l'ennemi à combattre.

C'est confus et ça achoppe tout ça, parce que c'est pas facile à aborder sans aliéner les uns et se mettre à dos les autres. Ironiquement, en écrivant sur le sujet, on dit quelque chose, on se positionne, on ouvre le débat, même si le but est d'essayer de le fermer, d'être abortif face à lui ou au minimum tenter de le comprendre un peu mieux. Bref, on pourrait continuer encore longtemps, mais un moment donné, faut garder ça relativement court et abréger, sinon on en finira jamais. C'est sans fin comme sujet. Ça perdure depuis toujours, et ça continuera tant qu'on communiquera. 

Conclusion: Le débat qui en est pas un est abrogé. Platement comme ça. Lancez-moi des tomates.

P.S: Et vu qu'on parle de langue, allez chercher dans le dictionnaire tous les mots que vous avez pas compris. On va tous grandir un peu à s'instruire de la sorte.

3 commentaires:

  1. "[...] allez chercher dans le dictionnaire tous les mots que vous avez pas compris."
    C'est là que tu lis dans nos pensées :)

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