1.12.11

LA DISTANCE

Ça se prend de plusieurs manières, la distance.



Y'a celle entre deux points éloignés. C'est celle qu'on trouve souvent trop longue, qui nous empêche de bouger, qui nous fait dire qu'on est mieux de rester à la maison. C'est elle qui nous fait déménager pour se rapprocher du travail. Pour se rapprocher de sa vieille mère, pour pouvoir passer quelques moments encore avec elle avant que la distance qui nous sépare d'elle soit éternelle. C'est celle qui nous fait croire qu'on décroche un peu parce qu'elle est loin dans le sud et que les palmiers bougent dans le vent chaud. C'est aussi celle qui nous fait craindre le pire quand on veut garder une relation vivante. Parce que la distance, c'est souvent mortel.

Puis, y'a la distance de proximité. Elle qui fait en sorte qu'on trouve certaines personnes trop présentes, trop dans notre bulle. C'est aussi celle qui créé des rapprochements à certains moments, et des malaises à d'autres. C'est celle des moments les plus intimes et les plus forts. Ceux qui font en sorte que l'on soit là, que tout ce qui existe, existe. Celle des gros plans au cinéma, et des gros plans dans la vie de tous les jours qui nous permettent de lire les visages. Celle qui nous échappe souvent alors que la vie avance. La distance qui amène le sportif à devenir surhumain pour un moment, et l'homme ordinaire à être impuissant devant une situation qui le dépasse.

Y'a aussi la distance mentale. Celle qui fait la différence entre un oui et un non. Celle qui nous empêche de faire les premiers pas, ou les derniers. Qui fait en sorte qu'on ne comprend pas l'autre et qu'on se distance de lui. Celle qui engendre les guerres, qui transforme le plus petit des problèmes en monstre incontrôlable. Celle qui rend une courte distance physique aussi lointaine que les limites de l'univers. Probablement celle qui a le plus de poids, à laquelle on est le plus attaché. Parce que quand la liaison mentale existe, la distance physique, aussi lointaine qu'elle puisse être, semble toujours plus proche.

Puisqu'on a la distance temporelle. Les souvenirs, c'est puissant. On se souvient de son odeur, de la couleur de ses cheveux, du timbre de sa voix, de son sourire. On se souvient des bons moments, des premiers moments, des petits moments anodins marquants. On se dit que la distance, c'est temporaire, que tout va revenir comme avant, que rien n'est plus fort que ce qui nous rapproche. Ça nous permet de nous sentir mieux, de trouver du réconfort dans un monde mental qui est déjà loin dans le passé, mais qui, pour nous, est bien au présent.

Puis, lorsqu'on réalise que le passé ne reviendra pas, on se tourne vers le futur, en se disant qu'éventuellement, des liaisons vont se créer avec d'autres, même si tout notre bagage reste avec nous. On se dit qu'on en sort grandi, qu'un petit voyage fera du bien pour tourner la page. Qu'une distance physique en amènera une mentale. Et ça fonctionne, pour un moment. On se concentre sur de nouvelles choses, on rencontre de nouveaux gens, de nouveaux amis. Jusqu'au jour où l'on retombe dans la même situation qu'auparavant. Et ça recommence encore, encore et encore.

Parce que la vie, c'est un long, long chemin, qui débute à notre naissance, et qui se termine à notre mort. Et c'est tout ce que l'on vivra continuellement sur cette longue distance qui vaut le détour.

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