20.11.11

LES DISTRIBUTEURS DE PURELL


C'était le bon temps. Notre meilleure amie à vie, la H1N1, faisait rage. C'était la plus grosse épidémie depuis la grippe espagnole et nos chances de s'en sortir indemnes étaient assez faibles. Le Stade s'était trouvé une nouvelle utilité comme centre de vaccination et on pouvait pas passer une journée sans en entendre parler aux nouvelles pis dans des vox pop pertinents.

En plus ou moins un an, 14 286 personnes sont mortes à cause du H1N1 pis 429 au Canada. La grippe ordinaire en tuerait entre 250 000 et 500 000 chaque année. Dans le monde, pas juste au Canada, sinon on serait déjà tous morts.

Mais tout ça, on le savait déjà parce qu'on en a parlé en masse après aussi. Pourquoi alors revenir là-dessus? 

Parce que l'autre jour, au Centre Eaton, j'ai vu quelque chose de fantastique. Dans les couloirs qui relient les divers centres d'achats, ici la Place Montréal Trust au Centre Eaton si ma mémoire est bonne, y'a des machines à Purell. Y sont là depuis que l'Achunenun nous faisait croire que l'apocalypse était à notre porte. Faque vu qu'on voulait pas l'attraper, ben on se shootait au Purell chaque fois que c'était possible. Y'en avait pas juste dans les centres d'achat, mais aussi dans les écoles, dans les SAQ, sur la rue, chez le coiffeur, dans les églises, dans nos sacs, sur les menus. J'ai même spotté un gars à Berri-UQAM qui demandait en cachette aux gens si y'en voulaient pour pas cher. C'que j'ai vu donc, c'est un homme. Il s'est dirigé vers ladite distributrice à Purell. Il a pesé sur le bout de plastique qui est censé faire tomber le produit. Squik squik squik. Rien est sorti. Le réservoir était vide.



La déception se lisait dans son visage, comme si la situation faisait pas de sens. Mais je l'ai déjà dit, c'est pas la première fois que je voyais ça. En fait, depuis quelque temps déjà, c'est-à-dire deux mois après la dernière mort due au H1N1, chaque fois ou presque que j'essaye une machine, y'a rien qui sort. C'est comme si on les avait laissés là par principe, pour se faire croire que ça nous importe encore, avoir les mains propres en tout temps. Oui, faut garder une hygiène, mais la vérité c'est qu'on en avait pas tant besoin. Purell a fait son argent et tous les autres ripoffs qui sentaient pas bon aussi. Une fois que la panique était passée, tsé, le Klondike aussi, donc on a pu revenir à vivre comme avant pis à laisser nos anticorps faire le gros de la job. Ça fait longtemps que j'ai pu de Purell sur moi ou que j'ai vu quelqu'un avec sa petite bouteille. Ça l'air qu'on a redécouvert les robinets pis le savon.

Ça reste que ces vestiges-là, j'espère qu'ils vont rester. C'est pratique pour nous rappeler que les grippes aviaires, porcines et les autres virus du Nil, même si ça peut être dangereux, une fois que c'est passé, on retourne tous à s'en sacrer pis à vivre exactement comme on le faisait avant. Pis en plus, ça fait des moments cocasses quand des monsieurs essayent d'en prendre sans succès.

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